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Historique des soins palliatifs en Suisse

En 1988, grâce à la réunion d'un petit groupe de professionnels de la santé, du social et de représentants du culte naquit la Société Suisse de Médecine Palliative. En 1995, son appellation a été modifiée en « Société Suisse de Médecine et de Soins Palliatifs (SSMSP) » pour signifier clairement l'ouverture de cette association aux professionnels non-médecins. Depuis 2006, elle se nomme plus brièvement palliative.ch.

En Suisse romande, suivant l'exemple, dès 1967, du St-Christopher Hospice de Londres, apparaissent des institutions pionnières : le CESCO (Centre de Soins Continus) à Genève en 1983 à l'initiative du Dr Charles-Henri Rapin (1947-2008) ainsi que Rive-Neuve en 1988 à Villeneuve, sur l'impulsion de Danielle et Paul Beck et du Dr Laurent Barrelet. D'autres structures hospitalières ou extrahospitalières sont venues compléter ces centres : St-Loup et Aubonne en 1989, USCO (Unité de Soins Continus) à Sion en 1991, CFXB (Centre François-Xavier Bagnoud) de soins palliatifs à domicile dans le Valais central en 1992, consultations ambulatoires du CHUV en 1996, la Chrysalide à Neuchâtel en 1998, Châtel-St-Denis en 2003. Ces institutions ont connu des fortunes diverses en fonction des différentes planifications sanitaires cantonales. S'ajouteront dans le paysage romand la Maison de Tara à Genève en 2007, une unité de soins palliatifs au CHUV à Lausanne en 2011 sous la direction du Prof. Borasio et la maison St-François à Fribourg en 2014. L'ouverture de la Maison Azur à Sion est prévue en 2022. Dès 2001, plusieurs cantons ont intégré les soins palliatifs dans leur planification sanitaire, avec l'excellent exemple du canton de Vaud et de son programme cantonal de développement des soins palliatifs.

Sur le plan de la formation, les soins palliatifs sont inclus dès les années 1980 dans différents programmes de formation en soins infirmiers, faisant ainsi l'objet d'une première reconnaissance. Dans le domaine académique, les soins palliatifs sont intégrés plus tardivement au cursus de formation universitaire de médecine pour aboutir en 2005 à la création d'une chaire en soins palliatifs conjointe entre Lausanne et Genève, occupée dès 2011 par le Prof. Gian Domenico Borasio. En 2016 est enfin reconnue à la médecine palliative le titre de sub-spécialité. La Suisse romande est particulièrement bien dotée avec la chaire de soins palliatifs (CHUV, 2006), la chaire de soins palliatifs gériatriques (CHUV, 2016) ainsi que la chaire Kristian Gerhard Jebsen de soins palliatifs infirmiers (Faculté de biologie et de médecine de l'Université de Lausanne, 2018). La recherche se développe également et les résultats du programme national de recherche sur la fin de vie (PNR 67) paraissent en 2017.

Sur le plan politique, dans le cadre de la plate-forme « Politique nationale suisse de la santé », la Confédération et les cantons ont décidé de promouvoir les soins palliatifs en mettant en place une stratégie nationale de 2010 à 2013, puis de 2013 à 2015. Cette stratégie, à laquelle palliative ch a largement contribué, a permis l'élaboration de bases communes et a donné des recommandations aux cantons et aux différents acteurs afin d'ancrer l'implantation des soins palliatifs dans leur système de santé.

A la fin de la stratégie nationale en 2016, la faîtière palliative ch décide de modifier ses structures, d'ouvrir plus largement les portes de l'association, destinée jusqu'ici aux professionnels, et d'étoffer ses prestations à destination du grand public. L'Office Fédéral de la Santé Publique souhaite poursuivre la promotion des soins palliatifs et les échanges entre les acteurs concernés en mettant en place une plateforme nationale ; celle-ci est opérationnelle depuis 2017.

En 2020 le Conseil fédéral publie le rapport « Améliorer la prise en charge et le traitement des personnes en fin de vie », avec les conclusions suivantes : « Le Conseil Fédéral estime que la fin de vie et la mort doivent impérativement être reconnues comme des composantes de la vie et du système de santé. Des conditions cadre doivent être mises en place pour que toutes les personnes s'interrogent suffisamment tôt sur leur fin de vie. Les patients en fin de vie doivent bénéficier d'un traitement et d’un accompagnement médicalement adaptés, répondant aux souhaits et aux besoins individuels de la personne concernée, dans le but de maintenir ou de préserver la qualité de vie jusqu'à la fin. Les conditions financières et structurelles doivent être créées ou améliorées afin que toutes les personnes vivant en Suisse aient accès aux soins palliatifs. »